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Education : Etablissements scolaires au Togo : Analyse des styles de management selon les types de chef (dossier)

Durant toute l’année scolaire 2021-2022, notre rédaction a mis en place à travers ses correspondants sur toute l’étendue du territoire national, un système de collecte d’informations sur les styles de management développés dans les établissements scolaires selon les types de chef.

Ainsi, les analyses nous ont permis de distinguer 04 grands styles de management pratiqués dans les établissements primaire, secondaire général et technique tant privés que publics.

Le management ici est défini comme la conduite, le leadership et direction du personnel administratif et enseignant par un chef d’établissement ou son adjoint (Censeur).

Tout Directeur, Proviseur ou Censeur possède un style de management qui lui est propre. Qu’il soit adepte de méthodes participatives ou plus autoritaires, son style se construit sur sa personnalité, l’identité et les objectifs de l’établissement scolaire et parfois, sur le style incarné par le ministre en charge du secteur .

Quels sont alors les quatre (04) grands styles de management des établissements scolaires au Togo ? Quelles en sont les forces et les faiblesses ? Quelles compétences sont nécessaires pour incarner tel ou tel style de management ?

Le management directif

Il est également nommé management autoritaire. Ici, le chef d’établissement ou son adjoint s’octroie un maximum de pouvoir. Le Directeur, Proviseur ou Censeur dirige strictement ses troupes en édictant ses règles subtilement inspirées du cadre légal et en visant un objectif précis qu’il utilise souvent pour son intérêt personnel, l’intérêt d’un groupe auquel il appartient ou encore sa propre gloire. Le respect de la hiérarchie est d’ailleurs ici un point très important. Ses collaborateurs n’ont pas leur mot à dire. Ils doivent se contenter de faire ce qu’il leur demande. Rapports/Sanctions et propositions pour promotion sont les armes qu’il utilise.

Les points forts du management directif

Prise de décision accélérée, efficacité et rendement élevés .

Points faibles

Il s’agit indéniablement du style de management générant le plus de mal-être au travail, de conflits et autres difficultés relationnelles au sein de l’équipe et donc de l’établissement. Les enseignants et les autres collaborateurs ont une motivation moindre ainsi qu’une perte de sens de leur mission.

Par ailleurs, nous avons constaté que dans les établissements privés, cette façon de diriger requiert de nombreuses procédures afin de cadrer le travail des enseignants, censeur, surveillant et le fonctionnement même de l’établissement.

Ce style de management est rencontré à près de 40 % dans les établissements privés.

Dans le public, les chefs d’établissement ou Censeur qui s’adonnent au management directif ont des dispositions suivantes : autorité naturelle, leadership, charisme, expert supposé ou réel dans son domaine, arriviste et paresseux (à plus de 80%) . Ils sont souvent des politiciens zélés, des aigris hautains et suffisants.

Le management persuasif

Paternaliste, le chef d’établissement s’implique fortement dans les prises de décisions tout en gardant un côté humain . Il mobilise ses troupes. Les collaborateurs sont davantage impliqués dans la vie de l’établissement. Leurs avis sont pris en considération, même s’il conserve le pouvoir de décision finale sur certains sujets conformément aux dispositions du cadre légal.

Moins autoritaire que le précédent, ce mode de management reste néanmoins relativement fermé.

Avantages

Dans ces établissements scolaires, autorité et bienveillance induisent un sentiment d’appartenance à une équipe, une certaine loyauté et renforcent la cohésion. Les conflits interpersonnels y sont moins nombreux et/ou plus aisément appréhendés.

Inconvénients

Peu ouvert, ce mode de management offre un espace de liberté relativement cadré et est observé dans certains établissements des zones péri-urbaines de Lomé et semi-urbaines de l’intérieur du pays.

Les chefs qui optent pour le management persuasif ont du charisme , une capacité à convaincre et guider, une intelligence émotionnelle, l’empathie , l’écoute active. Ils sont des politiciens responsables et entrepreneurs cachés avec des activités génératrices de revenus importants.

Le management délégatif

Ce style de direction parfois nommé « management consultatif » offre une large marge de manœuvre aux censeurs, enseignants et surveillants qui sont régulièrement consultés pour avis et prises de décision et fortement impliqués dans la vie de l’équipe, tout en gardant des objectifs très axés sur les résultats . Le Directeur, censeur ou Proviseur sait déléguer opportunément afin de maximiser la motivation et l’efficacité de ses collaborateurs.

Avantages

Dans les établissements où le management délégatif est utilisé, nous avons constaté une motivation accrue des enseignants, une cohésion de l’équipe, une ambiance de travail bénéfique, la responsabilisation des collaborateurs. Par ailleurs, la communication y est fluidifiée.

Les limites

Les risques psychosociaux liés à une pression trop élevée sont à craindre.

Les chefs d’établissement qui utilisent le management délégatif ont les qualités suivantes : une aptitude à déléguer efficacement, l’intuition, le recul et la confiance envers les collaborateurs.

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Le management participatif

Très apprécié par toutes les générations et conseillé aux chefs d’établissement par les psychologues , le management participatif est de loin le plus ouvert et le plus humain de tous les styles de direction .

Les enseignants et les surveillants sont ici largement impliqués dans la vie de l’établissement, notamment en ce qui concerne les prises de décision qui sont faites de manière transversale.

Points forts

Les atouts d’un tel style managérial ne manquent pas : empowerment des enseignants surtout dans le privé, la motivation accrue, le sens au travail, la responsabilisation et l’autonomie décuplées, l’excellente gestion des talents.

L’intelligence collective est mise au service de la formation des apprenants, décuplant ainsi l’innovation et la compétitivité de l’établissement. La conduite du changement est facilitée.

 Le feedback est largement utilisé pour prendre le pouls de son équipe. Chacun peut exprimer son leadership à tour de rôle. Performance et bienveillance sont de mise.

Points faibles

Il existe une certaine dérive et un laisser aller dans le comportement de certains enseignants d’où la nécessité de former suffisamment les directeurs, proviseurs et censeurs à ce type de direction.

Par ailleurs, les prises de décision sont ralenties du fait de la concertation de divers acteurs, ce qui est handicapant, notamment en période de crise ou situations d’urgence.

 A la tête des établissements scolaires où nous avons constaté l’utilisation du management participatif, les chefs ont un sens du relationnel et du collectif , une vision, une confiance en eux et envers leurs collaborateurs, une forte intuition. Ils ne courent pas derrière les diplômes académiques ni derrière des ambitions politiques, syndicales ou postes plus élevés mais se concentrent résolument à leur travail.

Nous rappelons que nous avons pu opérer ces classements en se basant sur les travaux du psychologue américain Rensis Likert.

Il urge de former véritablement tous les directeurs, censeurs et proviseurs pour plus d’efficacité dans la gestion des établissements scolaires conformément à la feuille de route gouvernementale 2020-2025.

Pascal S.

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