Activités syndicales

TOGO/éducation : trois responsables du SET déposés à la prison civile de Lomé

Le bras de fer entre le Syndicat des Enseignants du Togo (SET) et le gouvernement prend une autre allure depuis la publication de l’arrêté N°0957/MFPTDS du 30 mars 2022 et du N°1013/MFPTDS du 05 avril 2022 portant mesures administratives qui relèvent 146 enseignants visiblement en lien avec le SET du cadre des fonctionnaires de l’enseignement et mis à la disposition du ministère de la fonction publique pour être redéployés après les débrayages des 24 et 25 mars passés.

En effet, dans sa stratégie de gestion de la crise naissante dans le système éducatif avec l’éruption du SET sur l’échiquier syndical du secteur, le gouvernement, après avoir empêché en vain la naissance de ce syndicat, a opté depuis fin décembre 2021 pour une logique implicite d’évitement vis-à-vis de ce syndicat et le rétrécissement de la liberté syndicale avec la prise du décret N°2022-022/PR relatif à la représentativité des syndicats professionnels et à l’exercice du droit de grève en République togolaise le 23 février 2022, de l’arrêté interministériel N°001/2022/MFPTDS/MEPSTA portant code de conduite des personnels des établissements scolaires et centres de formation technique et professionnelle publics le 24 février 2022 et la signature d’un Mémorandum d’entente entre des fédérations syndicales.

L’exclusion des 146 enseignants du cadre des fonctionnaires de l’enseignement et leur remise à la disposition du ministère de la fonction publique couplée des sorties communicationnelles musclées des ministres en charge du dossier ont mis le feu aux poudres dans le secteur entraînant des sorties d’élèves dans les rues réclamant le retour en classe de leurs enseignants et un nouveau mot d’ordre de grève de 04 jours qui a pris fin la veille des congés de pâques.

En réponse, et conformément à sa ligne de conduite dans la gestion de cette crise qui consiste à éviter le SET, à le déclarer sans base juridique légal et à affirmer que ses mouvements de grève sont illicites, le gouvernement, profitant du début des congés de fin du deuxième trimestre, procède à l’arrestation dans la soirée du 08 avril 2022, de Kossi KOSSIKAN, Joseph TOYOU et Ditorga Sambara BAYAMNIA, respectivement secrétaire général adjoint , secrétaire régional de la savane et délégué préfectoral du Grand Lomé du SET et placés en garde-à-vue dans les locaux du service central de recherches et investigations criminelles (SCRIC).

Le 11 avril 2022, ils seront conduits devant le parquet d’instance qui requiert l’ouverture d’une information. Ils seront placés sous mandat de dépôt par le doyen des juges d’instruction du tribunal de Lomé et donc déposés à la prison civile de Lomé.

Il leur est reproché d’avoir incité les élèves et autres personnes à la révolte, par des promesses, menaces, ordres ou tous signes de ralliement ; en toile de fond, un communiqué du 30 mars 2022 non signé, concernant la prorogation de la grève et appelant les parents d’élèves à envoyer leurs enfants à manifester et aux enfants à soutenir les enseignants. Les responsables du SET déclarent ne point se reconnaitre dans les faits qui leurs sont reprochés.

A cette allure, qu’en sera-t-il à la rentrée du troisième trimestre fixée au 19 avril prochain ?

Des voix s’élèvent déjà pour réclamer la libération des enseignants envoyés en prison, l’annulation pure et simple de l’arrêté relevant les 146 enseignants du cadre des fonctionnaires de l’enseignement et l’ouverture d’une table de négociation avec le SET pour le retour de la sérénité dans le secteur de l’éducation.

Pascal S.

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