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TOGO: éducation : privés d’autorité et harcelés, les enseignants baissent les bras

Depuis septembre 2020, une nouvelle atmosphère règne dans le système éducatif togolais. Privés de plus en plus d’autorité et harcelés de tout côté, les enseignants baissent les bras et ne se concentrent désormais que sur l’essentiel : l’administration des cours conformément aux règles et textes en vigueur.

Le volet éducation est de plus en plus abandonné par ces messieurs et dames qui forment la relève de demain. A cette allure, à quoi ressemblera la société de demain?

Notre rédaction a abordé un grand nombre d’enseignants pour essayer de comprendre les causes de cette situation. Et les réponses sont toutes les mêmes comme s’ils se sont concertés avant notre arrivée dans leurs établissements respectifs.

<< On nous retire toute autorité, on nous harcèle et notre hiérarchie nous sanctionne pour un oui ou un non. >>, lâche un jeune professeur bien posé dans la banlieue Est de Lomé.

Ces derniers mois, il y a une phrase du ministre qui anime la toile et qui est même répétée par les tous petits du cours primaire à Afagnan Gbéta:<< il est mis fin aux fonctions de>> .

Les enseignants se sont repliés sur eux mêmes tout en sachant qu’avec cette attitude dictée par la gestion cavalière du département par le ministre actuel, le système s’écroulera d’ici quelques années si rien n’est fait pour sauver ce qui peut l’être encore.

Un enseignant, prodiguant des conseils à ses collègues qui se retrouvent souvent dans des problèmes avec la hiérarchie, les associations et ONG à cause de la rigueur et le désir de remplir correctement leur mission écrit : <<collègues, je ne sais pas pourquoi nous nous acharnons toujours à punir les élèves. Nous devons comprendre que ce devoir nous est retiré . Moi personnellement, je ne réagis plus face à des comportements suivants des apprenants : retard, absence, exercice non traité, devoir non fait, bavardage,distraction en plein cours, provocation, tenue inadéquate, injures, manque de respect, sommeil en classe, non prise de note, et j’en passe…Je laisse tout ça aux ONG qui luttent pour l’ épanouissement de l’ élève.>>

Et cette pratique est partagée par un grand nombre d’enseignants pour disent-ils, éviter tout problème, garder sa dignité et son honneur. Pour la plupart des enseignants interrogés, les sanctions tombent sans qu’il n’y ait une enquête sérieuse et la confrontation des parties ou tout au moins, l’écoute de l’enseignant mis en cause. Souvent, des responsabilités ne sont pas situées et dans l’écrasante majorité des cas, tout se passe comme si l’enseignant est livré à lui même devant certaines situations.

<<C’est pour ces raisons que nous nous limitons juste à ce qui nous est demandé dans le respect strict des textes en vigueur dans le secteur>>, pète une enseignante qui se précipitait vers une salle de classe à la fin de la récréation.

Abordées sur la question, des sources au cabinet du ministère des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat nous confient que certains enseignants sont réfractaires à l’évolution des pratiques dans le secteur et ignorent les textes qui régissent leurs actions quotidiennes qu’ils soient enseignants à la craie, personnel d’encadrement ou de direction. C’est pourquoi ils trouvent durs les recadrages du ministre.

Pascal S.

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