Activités syndicales

TOGO/EDUCATION: la marche vers une grève des enseignants en novembre 2020.

L’année scolaire 2019-2020 est clôturée en beauté avec la proclamation des résultats des derniers examens scolaires dans la semaine du 13 octobre malgré les bouleversements des activités et habitudes imposés par la covid19. Et depuis lors, le ministère des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat ne cesse de multiplier des rencontres avec les principaux acteurs de l’éducation en vue d’une meilleure préparation de la rentrée scolaire 2020-2021. Des comptes rendus des réunions et des communiqués sont régulièrement faits pour informer l’opinion des préparatifs encours dans le secteur pour une rentrée scolaire sereine.

Si pour le gouvernement, les choses se mettent en place pour << la plus belle rentrée le 26 octobre 2020>> selon les propos sur la TVT du ministre de la communication et des médias, porte parole du gouvernement, pour les syndicats, les choses ne se déroulent pas comme cela se doit. Ils ont du mal à croire aux propos rassurants du ministre et ne veulent lui accorder leur confiance qu’en le voyant effectivement à l’œuvre dans le sens de la satisfaction des besoins exprimés par des acteurs de l’éducation.

Pendant ce temps, c’est la grogne qui monte sur les panels des enseignants. La majorité active des enseignants se méfie et des responsables syndicaux et du gouvernement car ne croit plus du tout aux mots et promesses de ce dernier.

Depuis juin 2016, l’une des fédérations de l’éducation les plus actives est la CSET ( coordination des syndicats de l’éducation du Togo). Cette fédération a déclenché et conduit une lutte pour l’amélioration des conditions de vie et de travail du personnel du secteur de 2016 à 2018 avec à l’arrivée, des revalorisations de la prime d’incitation à la fonction enseignante et la signature d’un protocole d’accord le 19 avril 2018 à la primature.

L’objectif des enseignants est d’obtenir une prime (PIFE) qui représente 50% de leurs salaires conformément aux dispositions du statut général de la fonction publique adoptés en 2013 et pour lesquelles plusieurs décrets d’application sont signés en 2015.

Le protocole d’accord communément appelé PA consacre des avantages et des obligations au personnel du secteur.

Parmi les avantages, le point 3 (3.1 à 3.5) du PA retient particulièrement l’attention de bon nombre d’enseignants. Il s’agit des dispositions qui conduisent à l’amélioration graduelle de la prime d’incitation à la fonction enseignante (PIFE). Selon les dispositions de ce PA, le gouvernement s’engage à débloquer un milliard de francs CFA en 2018 puis 1/5 des dix milliards (qui s’ajouteront au budget de l’éducation ) soit deux milliards en 2019 pour améliorer cette PIFE. A partir de 2020, des discussions devraient avoir lieu entre le MEPSTA et les syndicats pour déterminer la part à consacrer à l’amélioration de cette PIFE dans les dix milliards qui s’ajouteront au budget de l’éducation chaque année jusqu’en 2022.

Mais force est de constater que le gouvernement refuse l’indexation des deux milliards de 2019 aux enseignants et le déblocage de la part de 2020 dans le budget de 2020.

Depuis août 2019, les enseignants réclament en vain l’indexation des deux milliards de 2019 aux salaires et le déblocage de la part de 2020.

Malgré les lettres adressées par les fédérations de l’éducation au gouvernement lui rappelant la nécessité de respecter les accords du PA, celui-ci est resté droit dans ses bottes, évoquant les contraintes budgétaires, les impacts de la pandémie de la maladie à Coronavirus sur les finances du pays et demande aux syndicats de patienter. Par ailleurs, le gouvernement par la voix du ministre Bawara avait refusé l’indexation des deux milliards en argumentant que le PA n’a pas explicitement fait cette précision.

Le Ministre Affoh Atcha-Dedji qui avait fait un séjour relativement court à la tête de ce département ministériel n’a pas pu régler le problème avant la formation du gouvernement Dogbé I.

Le nouveau locataire du MEPSTA malgré son éloquence et sa détermination affichée à régler les problèmes du secteur et à moderniser le système éducatif togolais ne rassure pas les enseignants.

Ils veulent avant toute chose, le respect des engagements pris dans le PA.

Des voix s’élèvent dans le corps enseignant et la grogne se fait de plus en plus assourdissante à cet effet.

C’est dans cette dynamique que la CSET vient d’envoyer une note au MEPSTA avec ampliations à la présidence et à la primature ce mardi 20 octobre 2020. Dans cette note, il transparaît subtilement, une menace de grêve si une satisfaction partagée ne solde pas la prochaine rencontre avant la rentrée sollicitée par les syndicats et promise par le ministre Kokoroko pour discuter de l’application du PA.

Kokoroko recevra t- il son baptême de feu en novembre prochain avec les enseignants ? Arrivera t- il à faire baisser la tension et conduire une année scolaire 2020-2021 apaisée ?

Les enseignants tournent leurs regards vers les conclusions de cette ultime rencontre qui se tiendra probablement le jeudi 22 octobre 2020 au cabinet du MEPSTA entre le ministre Kokoroko et les fédérations de l’éducation. Une conférence de presse est annoncée à la fin de la rencontre.

Rappelons aussi que les enseignants volontaires (EV) ont déjà envoyé leur préavis de grève au gouvernement et le secteur privé trouve illusoire et dangereuse une rentrée scolaire le 26 octobre sans le déblocage des aides que l’Etat leur avait promises.

Le gouvernement Dogbé à peine installé imprime déjà des marques salutaires sur la gouvernance actuelle du pays. Ainsi, selon les premiers pas rassurants de l’actuel exécutif, l’espoir d’une entente entre les syndicats et le gouvernement lors de cette rencontre est permis.

Pascal S.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page

You cannot copy content of this page