Vie Scolaire

TOGO/EDUCATION : les 12 613 Enseignants Volontaires accentuent la pression sur le gouvernement pour leurs intégrations dans la fonction publique.

Au début des années 1970, le boom phosphatier avait permis aux autorités togolaises de réformer le système éducatif du pays.

Ainsi, le système doit sa forme et son contenu actuel à la réforme de l’enseignement de 1975 ( ordonnance no 16 du 06 mai). Les principes et les objectifs généraux de cette réforme accordent en premier lieu une priorité à la démocratisation de l’enseignement par des actions sur l’offre qui donne des chances égales pour tous; la formation doublée de la motivation des enseignants et la construction d’un système scolaire rentable.

L’école togolaise avait le vent en poupe car auréolée d’un environnement de croissance économique relativement forte.

Mais très vite, à partir de 1979, le pays sera confronté à trois défis majeurs qui vont dégrader ses services publics essentiels dans la santé et l’éducation. Il s’agit de la crise économique de 1979 conduisant le Togo à l’adoption des programmes d’ajustement structurel ; de la crise sociopolitique déclenchée depuis 1990 et la dévaluation du FCFA.

En conséquence, le pays connaît désormais une réelle difficulté à faire face à la demande croissante de l’éducation même au niveau de l’enseignement primaire; on notait la baisse des ressources allouées au secteur et l’apparition des enseignants contractuels ou pris en charge par les communautés elles- mêmes. Ce sont les E.V. ( Enseignants Volontaires).

Ce statut d’enseignants autorisé dans les établissements scolaires publics a rendu un service inestimable au système éducatif surtout au plus fort des moments difficiles qu’avait connu le Togo. Depuis lors, l’Etat n’arrive pas à se passer de ces femmes et hommes qui consacrent leurs vies à la formation de jeunes togolais contre des rémunérations insignifiantes malgré les recommandations des assises de l’éducation de 1992 qui demandaient de mettre fin à l’existence de ce corps dans le système. La gratuité de l’école primaire mise en vigueur plus tard a aggravé leurs situations actuelles.

Au cours primaire, les E.V. sont payés en moyenne entre 5 000 et 10 000 FCFA par mois et seuls les trois premiers mois de l’année scolaire sont pris en compte. Certains ne perçoivent rien du tout.

Au secondaire, les émoluments vont de 25 000 à 60 000 FCFA par mois dans des conditions inimaginables. Certains chefs d’établissement leurs donnent leurs dus quand bon leurs semble.

Dans les établissements scolaires, ces braves femmes et hommes sont utilisés pour tous les travaux nécessitant une main d’oeuvre enseignante. Leur emploi est très mal rémunéré et précaire car l’E.V. peut être remercié à tout moment sans aucune mesure d’accompagnement. Lorsque l’Etat envoie un agent dans l’établissement, l’EV qui assurait les cours avant son arrivée est remercié sans ménagement. Beaucoup de chefs d’établissement et des bureaux des associations des parents d’élèves refusent de leur établir un contrat de travail en bonne et due forme. Des fois, ils sont stigmatisés par des collègues agents de l’Etat dans certains établissements.

Conscients de l’immensité de leurs apports dans le bon fonctionnement du système éducatif malgré le mauvais traitement salarial, à bout de souffle et forts de 12 613 personnes dévouées à la cause éducative, les enseignants volontaires donnent la voix et sollicitent auprès du gouvernement, leurs intégrations dans le corps des fonctionnaires à travers les voies indiquées.

Après plusieurs démarches infructueuses effectuées vers les autorités compétentes, ils décident d’accentuer la pression sur le gouvernement en menaçant de ne pas effectuer la rentrée scolaire 2020-2021 pour que le vide que leurs absences créeront soit constaté et évalué par les décideurs en charge du secteur.

Les impératifs en matière de mesures barrières dictés par la lutte contre la covid19 est un élément qui doit jouer en faveur de ces concitoyens. Que les autorités prennent la mesure de la chose et trouvent rapidement une solution pour ce problème des EV du système éducatif du Togo. Leurs intégrations dans la fonction publique via les voies indiquées est une solution louable pour le renforcement du système éducatif du pays. Ils le méritent amplement.

Pascal S.

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