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MEPSTA: interdiction des TD payants, le gouvernement tourne, « répétés » et répétiteurs contournent

Les séances de répétitions payantes se poursuivent aisément dans certains établissements scolaires dans les 06 régions éducatives du pays à l’abri des regards dénonciateurs malgré l’interdiction de cette activité par le ministre Kokoroko par le truchement d’une note de service publiée le 1er mars 2021.

Sept mille francs (7000 F) CFA multipliés par 50; telle est la somme empochée mensuellement par un répétiteur dans un établissement scolaire situé dans la banlieue ouest de Lomé. Cinq cents francs (500 F) CFA multipliés par 80 est la somme récoltée par un autre auprès des étudiants par séance de TD au centre de Lomé. Deux cents francs (200 F) CFA multipliés par 40 sont remis après chaque séance de TD à un répétiteur à kpalimé. Cinq mille francs (5000 F ) CFA multipliés par 20 sont mensuellement engrangés par un autre à Atakpamé. Ce n’est là que quelques cas de TD payants qui continuent de s’organiser dans les structures scolaires publiques et privées de certaines grandes et petites villes du pays.

Comme nous pouvons le constater, la manne est très attirante et sa part dans le budget prévisionnel annuel établi par ces répétiteurs avant la sortie de la note d’interdiction du ministre est trop importante pour qu’ils lâchent prise aussi facilement.

<< J’ai déjà fait un budget comptant sur ces séances de TD. J’ai fait des prêts dans des agences de microfinance avec pour base de remboursement, les retombées de ces TD. Comment vais-je honorer ces engagements si j’arrête d’organiser ces séances ? Je suis entrain de réfléchir à comment transformer mon salon en salle de séances de TD puisqu’ ailleurs, on nous demande des commissions trop élevées et insupportables >> nous confie un répétiteur de la trentaine dans la banlieue Est de Lomé.

L’organisation des séances de TD payants en masse dans les lieux publics ou privés revêt un caractère plus complexe que ce que l’on croyait. Le constat que nous avions fait après des entretiens avec des répétiteurs, des « répétés » et des parents d’élèves est que chacun trouve son intérêt dans l’organisation de ces TD payants regroupant plusieurs apprenants dans une même salle.

Pour les parents d’élèves de faible pouvoir d’achat mais soucieux de la formation scolaire de leurs enfants, ces séances leur permettent de payer à frais relativement supportables, des cours de soutien à leurs enfants. Ils soutiennent mordicus ces répétiteurs contre la décision d’interdiction ministérielle de l’activité.

Les apprenants concernés pointent du doigt l’insuffisance d’explications lors des cours (faute de temps matériel suffisant pour ceertaines activités pédagogiques), le pléthore d’élèves dans les salles de classe, la méthode trop magistrale de dispensation des cours, l’étendue des programmes et le temps relativement trop court affectés à leur épuisement. Ils affirment sans hésitation que sans ces séances de répétitions payantes, les taux réels des échecs à la fin de chaque année scolaire seraient le double de ce que l’on enregistre actuellement et officiellement dans les statistiques du MEPSTA. Pour cela, ils déclarent qu’ils suivront leurs répétiteurs partout où ils décideront organiser ces séances. Effectivement, lors de nos tournées, il nous a été signalé que pour échapper aux yeux dénonciateurs, ces séances sont organisées parfois dans des salles informatiques, des magasins de boutiques qui libèrent certains espaces, des chambres de vie, des immeubles avec certes, une majoration des frais exigés des participants élèves ou étudiants et donc revenant plus chers aux apprenants et à leurs parents.

Cette activité constitue une entrée de fonds non négligeable pour bon nombre d’enseignants, étudiants et diplômés en situation de chômage; des travailleurs du secteur public comme privés.

Contrairement à ce que l’apparence affiche, les enseignants ne détiennent pas le monopole de l’organisation de ces TD payants. A part les TD obligatoires organisés par quelques rares enseignants dans leurs classes et dénoncés par bon nombre d’entre eux, les cours de TD ou répétions est un marché disputé par toute cohorte de candidats à l’affût de quoi arrondir la fin du mois ou satisfaire ses besoins afin de pouvoir poursuivre ses études scolaires et universitaires.

Au vu de tout ce qui précède, nous pouvons conclure sans ambiguïté que ce n’est ni une simple note ministérielle d’interdiction de l’activité ni des tournées et menaces des inspecteurs qui éradiqueront ces séances de TD payants dans les établissements scolaires publics et privés.

Que faire alors ?

Nous y reviendrons dans nos prochaines publications.

Pascal S.

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