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DOSSIER/« SCHOOL ASSUR » EN PÉRIODE DE COVID-19:

ET SI ON CONVERTISSAIT LE PROJET EN CONSTRUCTION D’INFIRMERIES SCOLAIRES ?

Faisant un clin d’œil au système éducatif, le Président de la République a annoncé en 2017 une assistance médicale aux jeunes scolaires sous forme d’une assurance maladie. Il s’agit de « School Assur » qui couvrirait environ deux millions d’apprenants avec un montant global de 3.5 milliards de FCFA par an. Avec les crises d’hystérie de plus en plus fréquentes dans des établissements scolaires et surtout avec cette guerre sans merci contre la COVID 19, la problématique de cette assurance doit refaire surface.

Une forte communication surtout des médias officiels a entouré les activités de cette assurance qui dans la réalité peine à conquérir sur le terrain le cœur des bénéficiaires à en croire les propos de plusieurs apprenants que nous avons interrogés. Débuté effectivement dans plusieurs zones du pays vers la fin du premier trimestre de l’année scolaire 2017- 2018, school assur n’a plus fait la rentrée suivante avec les enfants dans plusieurs localités du pays. Une enquête objective sur le terrain vous situera d’avantage.  Est- ce la fin de ce beau projet annoncé par le chef de l’Etat lui-même ? Pendant ce temps, des  établissements scolaires surtout ceux du secondaire de la capitale et de l’intérieur du pays sont secoués par un phénomène de santé inhabituel impactant négativement le bon déroulement des activités pédagogiques. Les médecins l’ont identifié sous le vocable de ‘‘crise d’hystérie’’.

Selon nos recherches, la crise d’hystérie est une excitation  intense incontrôlée. Il s’agit d’une maladie chronique longtemps considérée comme particulière aux femmes. Elle est due à l’extrême sensibilité du système nerveux et se manifeste par des convulsions générales, plus ou moins fréquentes, accompagnées de suffocation et d’une perte presque complète de connaissance. Ainsi, l’on a constaté sur le terrain qu’au cours de ces crises, des élèves surtout de jeunes adolescentes tombent brusquement au sol suivi de roulades, de cris, éprouvent des difficultés respiratoires et ont des vertiges. Il arrive que certaines hallucinent. Les crises  peuvent se répéter deux à trois fois par jour pour certaines et par semaine pour d’autres. Selon les agents de  la santé dépêchés sur certains lieux, ce phénomène étrange pour la communauté scolaire est bien connu des praticiens hospitaliers. Selon les mêmes sources, ces crises ne sont pas mortelles et ont des causes complexes et diverses .Elles ne sont pas dues à un agent pathogène. Mais ses causes peuvent faire penser à une possession d’esprit ; à une attaque spirituelle ; à des problèmes personnels ou familiaux de la jeune fille pouvant la pousser à entrer en transe, à bouger dans tous les sens et à crier.

Selon les investigations auprès des élèves se retrouvant dans ces situations, ces crises seraient causées chez certains par l’asthme, des problèmes cardiaques et des problèmes d’ordre familial connus des parents. Pour d’autres, ce sont des hallucinations.

Le personnel administratif et enseignant impuissants face à cette situation, s’en remettent à Dieu  et s’appuient sur les clubs de la croix rouge des établissements où ils existent, qui font un travail louable.

Il faut noter que la portée des mesures prises à l’interne par les établissements scolaires concernés  sont limitées car ce phénomène continue de perturber les élèves en général, ceux  membres des clubs de la Croix Rouge en particulier de même que les enseignants.  L’enseignant en situation de classe où surgit une crise est obligé de suspendre momentanément les activités et  pendant ce temps, les élèves membres des clubs de la croix rouge s’occupent du camarade en crise. Ceci  agit sur la bonne exécution du programme scolaire, voir sur les résultats de fin d’année. Pour les cas critiques l’élève est conduit dans un centre de santé pour une prise en charge appropriée par les spécialistes en la matière.

School assur étant presque absente cette année et considérant l’arrivée surprise de la COVID 19 avec tout ce qu’elle exige comme dispositions à prendre pour éviter le pire, les réflexions de prise en charge adéquate de la santé des apprenants et leurs encadreurs doivent être orientées ailleurs en vue de permettre aux communautés scolaires de travailler dans une atmosphère de sérénité et de quiétude. Cette quiétude sanitaire dans les établissements scolaires ne peut se baser en grande partie que sur l’érection en leurs seins  d’infirmeries opérationnelles. Cette disposition est d’ailleurs prévue par le chapitre II relative à la santé en milieu scolaire et universitaire du code de la santé publique au Togo, délibéré et adopté le 13 Mai 2009  et qui précise le rôle des services de santé scolaires et universitaires et les différentes structures scolaires pouvant en bénéficier. Les articles 110 « les services de santé scolaire et universitaire sont chargés d’assurer aux élèves, aux étudiants et à leurs encadreurs le meilleur état de santé possible à travers des activités aussi bien promotionnelles, préventives, curatives que réadaptatives.

Ils couvrent tous les établissements scolaires et universitaires, publics, privés, confessionnels, professionnels depuis le jardin d’enfants jusqu’à l’université.», l’article 111 : « les conditions d’organisation et de suivi de la santé scolaire et universitaire sont précisées par arrêté conjoint des ministres chargés de la santé et de l’éducation. » et l’article 112 : « les mesures d’hygiène et de sécurité auxquelles doivent répondre l’édification des établissements d’enseignement et leur équipement sont déterminés par un arrêté conjoint des ministres chargés de la santé, de l’éducation et de l’habitat. » montrent à suffisance les bonnes intentions de l’Etat togolais vis-à-vis de la santé scolaire et universitaire. Cependant, ces bonnes intentions demeurées comme telles  doivent être traduites sous forme d’actions gouvernementales sur le terrain pour une réelle prise en charge de la santé des jeunes apprenants. Il convient de réaffirmer que la meilleure application de cette politique est l’érection des infirmeries opérationnelles dans les établissements scolaires.

L’Etat l’avait commencé vers la fin des années 70 juste après les réformes scolaires de 1975. Les programmes d’ajustement structurel des années 80 ont donné un coût d’arrêt à cette dynamique saluée par tous. La situation s’est aggravée avec les crises socio-politiques qui secouent le pays depuis les années 90. Mais avec la stabilité retrouvée à partir de 2007, le Togo doit renouer avec les bonnes habitudes surtout sur le plan sanitaire et scolaire. De nouveaux documents sur la santé des jeunes adaptés à la croissance démographique sont élaborés et adoptés. C’est ainsi qu’en septembre 2014, le Fond Des Nations Unies pour la Population (UNFPA) avec l’appui du gouvernement ont validé un document qui se veut « une approche de solution aux différents problèmes de santé liés aux jeunes ». Pour Roméo Kokoutsè, le psychologue au service national des jeunes et adolescents d’alors, ce document est une partie importante de la mise en œuvre des recommandations issues d’une étude menée en 2013 sur l’analyse situationnelle des infirmeries scolaires, universitaires et centres de jeunes existant au Togo. Cette analyse avait révélé que seulement 37 infirmeries scolaires existent au Togo et 37 centres de jeunes qui offrent des prestations qui ne sont pas uniformes.

Donc la recommandation était d’aller vers un référentiel pour définir les paquets d’activités à mettre en œuvre dans les infirmeries scolaires et dans les centres des jeunes pour pouvoir répondre aux besoins énormes en santé de la reproduction des adolescents et des jeunes. Pour passer à la phase pratique, l’UNFPA-Togo dote les établissements tels que le Lycée d’enseignement Général d’ Agoè d’une infirmerie scolaire. Les mêmes œuvres sont constatées  à Tsévié, à Pya et à Dapaong. Celles du Lycée Gbényédji, d’Agbalépédo à Lomé, de Kpalimé et de Vogan sont réhabilitées. Les partenaires du Togo font leur part. Le gouvernement pourra aussi envisager d’intensifier ses efforts dans un bref délai pour accompagner les établissements scolaires tant publics que privés dans cette lutte acharnée contre la COVID 19 à se doter de véritables infirmeries scolaires.

Si nous considérons les 3.5 milliards de school assur et nous supposons qu’il faut 10 millions pour construire, équiper, recruter du personnel et rendre opérationnel une infirmerie scolaire pour 12 mois, alors avec les fonds annuels de school assur, le Togo peut doter 350 établissements scolaires d’une infirmerie opérationnelle digne de ce nom chaque année. Leur gestion pour une pérennité du projet sera inscrite dans les lignes entrant dans les phases pratiques de la décentralisation. Bonne nouvelle, school assur vient d’être reconduite par le chef de l’Etat pour un an (2020-2021). Vivement, que nos autorités qui ne cessent de penser à une meilleure santé des jeunes en milieu scolaire et universitaire abordent le problème sous cet angle.

Pascal S.

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