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EDUCATION : POLITIQUE ÉDUCATIVE ET MARCHÉ DU TRAVAIL EN AFRIQUE DU SUD, UNE ANALYSE EN EGC DE HÉLEINE MAISONNAVE, BERNARD DECALUWÉ (DOSSIER, DEUXIÈME PARTIE)

<< La situation éducative en Afrique du Sud

Face au système issu des politiques mises en place durant le régime de l’Apartheid, les autorités publiques essaient simultanément d’établir une politique éducative cohérente unifiée [7] ainsi qu’une déracialisation des écoles. Depuis 1994, l’Etat a investi dans l’amélioration des conditions matérielles [8] de certaines écoles, ainsi que dans un rattrapage salarial pour les enseignants de couleur. Le School Register Needs of Survey (2001) rapporte de nombreuses améliorations, notamment en termes d’infrastructures. En outre, de nombreuses études (Van der Berg (2007), Department of Education (2007) et OCDE (2008)) montrent que les jeunes cohortes d’African comptent d’avantage d’années d’études que leurs aînés.Toutefois, il existe encore de fortes disparités entre les écoles. En effet, Vally et Dalamba (1999) montrent que, malgré une réconciliation politique au niveau national, une certaine ségrégation, plus pernicieuse, persiste à l’intérieur des écoles. Cette ségrégation « tacite » entraîne le développement d’un système scolaire dans lequel l’origine sociale est le principal déterminant de l’acceptation ou non dans une école. Ces auteurs insistent sur le fait que les anciennes écoles blanches, indiennes et même métis sont en nombre limité dans le pays, alors que la majorité des écoles noires sont situées dans les township, les fermes, ou dans les anciens homelands [9]. Elles sont largement uni raciale et pauvres. Cette nouvelle forme de ségrégation a été analysée par Selod et Zenou (2005). Ils montrent [10] que les frais de scolarité imposés dans les anciennes écoles blanches sont un frein pour l’accession des étudiants africains à ces écoles, leurs ressources modestes étant le facteur contraignant le plus important. Ces auteurs analysent les différents moyens dont dispose l’Etat pour pallier ce phénomène.Ainsi, de grandes différences en termes de qualité sont observées dans les écoles sud africaines. Il est d’ailleurs intéressant de noter que malgré des ressources plus élevées consacrées au secteur de l’éducation, les écoles sud africaines affichent de moins bonnes performances [11] que ses voisins africains (Taylor, (2003), Van der Berg (2007, 2006)). En regardant les résultats de plus près, on s’aperçoit toutefois que les moyennes sont peu significatives car il existe une grande hétérogénéité des résultats sud africains selon le lieu de localisation des écoles et donc selon le type de population qu’elles desservent.Yamauchi (2005) décrit un cercle vicieux de pauvreté et de faible qualité dans l’éducation reçue lorsque que les élèves ou les étudiants fréquentent des écoles noires. Selon lui, un faible niveau de qualité d’éducation mène à une faible qualification, qui entraîne une faible rémunération et donc une faible probabilité de sortir de son environnement social et de son lieu d’habitation ne pouvant ainsi espérer avoir accès à une meilleure école.On peut enfin noter que le gouvernement sud africain, conscient des inégalités qui existent dans les niveaux de compétences et d’éducation de sa population, a mis en place à partir de 2004 une nouvelle initiative pour l’acquisition de qualifications prioritaires (JIPSA [12]).Cette nouvelle initiative vient en soutien à la politique de discrimination positive menée dans le pays. Elle se concentre sur un des aspects de la formation de la main-d’œuvre en proposant notamment des séminaires de remise à niveau et propose des formations continues aux adultes afin qu’ils acquièrent de nouvelles compétences.

La prise en compte de l’éducation dans la littérature.

Education et croissance

Dans notre approche, nous analysons l’éducation en tant qu’investissement, tel que décrit dans la théorie du capital humain. Schultz (1961,1971), Mincer (1958) et Becker (1975) posent explicitement l’hypothèse que l’éducation et la formation reçues contribuent à créer du capital humain. En outre, cette théorie suppose que les travailleurs sont rémunérés à leur productivité marginale, et par conséquent les plus éduqués supposés être plus productifs, sont mieux payés. Nelson et Phelps (1966) entendent l’éducation comme la capacité à comprendre les nouvelles informations et à adapter son comportement. Ils ont montré que les technologies les plus performantes sont adoptées et mises en œuvre plus rapidement par les économies richement dotées en travailleurs hautement qualifiés. Selon ces auteurs, c’est le niveau d’éducation qui élève le taux de croissance de l’économie, en accélérant l’assimilation du progrès technique. D’un point de vue individuel, investir dans l’éducation se traduit par un gain salarial sur le long terme, alors que d’un point de vue national, cet investissement se traduit par un taux de croissance plus élevé.L’introduction de l’éducation et du capital humain nécessite de prendre en compte la façon dont l’éducation affecte les individus ainsi que le niveau de production global de l’économie. Cela revient donc à modéliser deux fonctions de production. La première correspond à la production de biens finaux pour lequel le capital humain est un input déterminant. La deuxième est celle de la production d’une quantité nouvelle de capital humain. La prise en compte du capital humain comme input s’appuie sur les travaux de Lucas (1988) qui spécifie la production de biens finaux comme une fonction du capital physique ainsi que d’un agrégat d’unités de travail que détiennent les individus (H). Par ailleurs la production de services d’éducation contribue à accumuler ce facteur H et entraîne ainsi une croissance de l’économie.Cahuc et Michel (1993) et Heckman et al (1999) postulent des travailleurs types possédant des niveaux de qualifications et de capital humain différents. L’éducation permet alors de faire migrer les travailleurs d’une catégorie à l’autre en leur faisant atteindre un seuil de formation prédéterminé. Ainsi, les travailleurs peuvent espérer une meilleure rémunération s’ils sont plus éduqués. L’investissement en éducation résulte d’un arbitrage entre le salaire attendu qu’un niveau d’éducation supérieur peut entraîner, et les coûts directs (frais de scolarité, fournitures …) et indirects (coût d’opportunité d’aller à l’école plutôt que de rentrer sur le marché du travail). La production de capital humain dépend des différents inputs qui entrent dans le processus de production, tels que le temps investi dans les études ou le niveau initial des dépenses publiques dans le domaine >>.

Pascal S.

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