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EDUCATION: le redoublement à l’école, à supprimer ou maintenir ?

Le débat sur le redoublement à l’école divise depuis plusieurs décennies, des chercheurs tant des pays développés que ceux en voie de développement. Dans les systèmes scolaires qui le pratiquent encore, le bien fondé du redoublement est périodiquement discuté ; mais, généralement, à chaque fois que le débat reprend, le risque est, à nouveau de se concentrer sur les symptômes plutôt que sur les causes profondes qui expliquent le phénomène. Est-ce une fuite de responsabilité des pouvoirs publics ou une mauvaise fois des chercheurs du domaine en complicité avec les politiques ?

Le redoublement selon Thierrault, Bader et Lapointe est « le recommencement d’une année scolaire par un élève ». Ce même redoublement est défini par Crahay comme « sacrifier une année scolaire pour permettre à l’enfant de repartir sur de meilleures bases et atteindre avec une année de retard, certes, des niveaux de compétences auxquels il n’aurait pas pu prétendre s’il n’avait pas redoublé ».Et c’est justement face à cette approche dans la définition du redoublement que les avis divergent.

Plusieurs économistes et une grande majorité de sociologues ne la voient sous cet angle et considèrent le redoublement comme une frustration, une perte de temps et de ressources financières à impacts durables infligées à l’enfant. Pour les tenants de cette thèse, le redoublement coûte cher aux parents et à l’Etat qui doivent dépenser deux ou trois fois des sommes pour assurer le même enseignement au même apprenant. Pour eux, la non libération de la place dans la salle de classe pour cause de redoublement oblige l’Etat à investir pour augmenter davantage la capacité d’accueil du cycle donné afin de garantir aux nouveaux arrivants des places pour leur formation.

Même les psychopédagogues et les enseignants sont divisés sur cette question de maintien ou de suppression du redoublement en milieu scolaire.

Pour certains psychopédagogues et enseignants, le redoublement doit être supprimé surtout dans les petites classes et en contrepartie, mettre en place, un système de soutien aux apprenants faibles car s’ils sont éligibles au redoublement, ce n’est pas parce qu’ils ignorent tout. Ils maîtrisent bien certains enseignements du cycle, section ou classe et n’ont des difficultés que sur d’autres. Ces chercheurs et enseignants recommandent que ce soit justement ce qui échappe à ces apprenants éligibles au redoublement qu’il faut identifier afin de mettre sur pied un mécanisme qui pourra les aider efficacement à remédier à cette situation .

Par contre, les défenseurs de la thèse du redoublement estiment que faire passer systématiquement les apprenants en classe supérieures quelques soient leurs moyennes est dangereux aussi bien pour eux-mêmes qu’à la société car cela reviendrait à les habituer aux gains faciles, et à ne former en réalité que, des partisans de moindre effort.

Ils soutiennent que supprimer le redoublement revient à faire croire à l’apprenant qu’il n’y a pas d’échec dans la vie et donc l’on peut éviter des frustrations.

Ces apprenants moulés dans ce système vont chercher dans la vie active à acquérir tout ce qu’ils désirent sans forcément se résoudre à fournir les efforts nécessaires qu’il faut absolument déployer pour atteindre ces buts. Ils affirment que ces derniers prendront ceux qui leurs demanderont de fournir plus d’effort pour obtenir ce qu’ils désirent comme des obstacles à éliminer des fois physiquement.

Les faire échouer et les accompagner pendant les congés et vacances pour relever leurs niveaux de compétences jusqu’au moins à la moyenne requise pour aller en classe supérieure la rentrée suivante est la voie la mieux indiquée pour tous les systèmes éducatifs et surtout pour ceux des pays à revenus faibles.

Ces chercheurs condamnent avec la dernière rigueur, la fixation politique sous la pression des institutions internationales, des taux de passage et de redoublement et indiquent que les pays qui ont été contraints à opter pour cette pratique sans mettre en place un mécanisme de soutien et d’accompagnement spécialisés aux apprenants faibles sortis de la liste des redoublants pendant les vacances et congés, la reçoivent comme un boomerang une dizaine d’année plus tard lorsque la génération concernée arrivera sur le marché de travail dans tous les domaines.

Dans tous les cas, le choix des politiques éducatives et la santé de l’écosystème éducatif d’un pays dépendent de ses ambitions géopolitiques à court et long terme. Les profils de sortie des apprenants et étudiants avec leurs compétences réelles dans la qualité, la quantité et la diversité selon la vision du pays déterminent la place de ce dernier dans le concert des nations quelques années plus tard.

Pascal S.

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